Robert Magenta félicite Céline Amaudruz, élue au Conseil national
Madame la Députée,
et -...(si vous souffrez cette familiarité...)
Chère Céline,
J'imagine combien la bataille fut dure pour vous, tant pour restaurer la paix et l'harmonie au sein de l'UDC-Genève que vous présidez désormais, après ses guerres intestines, pour parvenir à vous faire connaître, à 32 ans, de tous les électeurs de Genève, alors que votre Parti ne se disait pas assuré de maintenir ses deux sièges au Conseil national.
Votre victoire est d'autant plus méritée que vous avez eu affaire à de nouvelles formations politiques dans la nébuleuse "verte" qui ne cesse, comme le caméléon, de changer de couleur, ou la girouette de cap, parfois en versant quelques pleurs fukushimées...
Vos chances de réussite paraissaient donc maigres en briguant la charge de conseillère nationale alors que deux vieux briscards vous avaient précédée à Berne et qu'ils paraissaient tous deux bien installés dans leurs fauteuils... quoique menacés par la voracité de partis concurrents.
Vous avez poussé l'élégance jusqu'à ne pas revendiquer de figurer en tête de liste alors qu'une autre, à votre place, n'eût pas été animée par une telle pudeur. Vous auriez pu faire valoir aussi votre qualité de rare femme au sein de l'UDC. Ou tirer parti de votre qualité de présidente. De tels arguments et stratagèmes ont cours dans d'autres partis où LES FEMMES, en tant que telles, sont exhibées comme autant de destrières capables de "tirer le parti" vers la victoire.
Vous ne l'avez point fait et cela vous honore. Les perdants de votre liste n'ont donc aucun motif de vous adresser des griefs. Comme vous le savez, la concurrence loyale est un levier de progrès et de justice, même si elle s'exerce entre militants d'un même groupe. Ceux qui ont déjà beaucoup reçu sauront donc vous pardonner votre victoire.
Le processus électoral, à lui seul, prévient la naissance de chefs de meute à vie.
Votre renoncement à cette position en tête de liste atteste, s'il en est besoin, de votre élégance et des égards que vous avez pour votre prochain, fût-ce dans les starting-blocks d'une course effrénée. C'est là bien votre naturel même si l'on sent chez vous, au vu des trop rares interviews que l'on peut savourer sur nos écrans, la femme battante prête à dompter des adversaires politiques...ou des intervieweurs trop insolents. . Vous nêtes pas, paraît-il, femme à laisser la bride sur le cou de vos montures mais savez fort bien monter sur vos ergots ou plutôt vous dresser sur vos étriers puisque tous les media insistent sur votre penchant pour l'hippo-mobilité.
Nul ne saurait dire, dans une telle élection où une pléthore de candidats sont en lice, quel élément fait pencher la balance: ses qualités personnelles, son savoir, son savoir-faire, son entregent, ses arguments, sa bonne mine ou le hasard pur ?
Il n'en demeure pas moins que vous paraissiez fatiguée au soir de la journée qui a couronné vos efforts au moment où un bonimenteur de plateau de télé vous a demandé, de manière incongrue, si votre papa était à la source de votre vocation politique. Avec une présence d'esprit frappante, vous lui avez rappelé que c'est l'éviction de Blocher du Conseil fédéral qui avait servi de déclic à votre engagement. Le complot florentin ourdi par sieur Darbellay (PDC)ne semble pas avoir porté chance à son parti.. C'est ainsi qu'en apprenant les avanies du Valaisan mal inspiré, vous avez sauté le pas en vous déclarant partante.
Nous comptons sur vous, Madame la Députée, pour lui rendre la monnaie de sa pièce à la première occasion.
Comme simple citoyen-électeur, j'ai eu l'occasion de voir vos flyers, vos affiches et votre video-clip: vous y exprimez votre souci de rétablir l'ordre et le calme dans nos cités en engageant votre "combat contre la violence dans les villes". Nous attendons maintenant que vous, votre Parti et tous les élus des Chambres fédérales traduisent votre engagement dans les faits.
Vu la crise et le chômage dont le spectre point à l'horizon, nous savons que vous ne négligerez pas vos autres engagements au côté des 199 autres membres de la Chambre basse, celle du peuple qui vous a portée à Berne.
Parmi les associations dont vous faites partie, j'ai découvert que figure celle des Dissidents de Genève. Jusqu'ici, j'avais toujours cru qu'il s'agissait d'un simple groupuscule de fumeurs invétérés, d'une minorité attardée. Or je découvre qu'on y admet des non-fumeuses (comme vous!) à en juger par les buts idéaux de ce club et qu'il s'agit surtout d'y défendre toutes celles des libertés menacées.
C'est là un but honorable qui mérite une action urgente, au moment où l'administration fédérale a pris la sale habitude d'interpréter les lois votées par les Chambres fédérales en violant leur esprit et en les dénaturant lors de la rédaction des Ordonnances d'application.
Comme juriste, vous saurez dénoncer de tels abus chroniques et je ne doute pas que vous ne manquerez pas d'élever une protestation publique à chaque fois qu'un tel méfait sera commis.
Enfin, au nom des seniors, j'espère que vous pourrez faire partie de la Commission de la santé pour protéger le reliquat d'une valeur foulée aux pieds: le secret médical. Sans oublier cet autre fléau chronique qu'est l'inflation des primes aux caisse--maladie qui obère le budget de nos familles.
Enfin, je sais aussi que vous ne négligerez pas le sort de nos grands oubliés:ceux de nos paysans pas encore euro-trucidés.
Sachez, Madame la Députée, que désormais vous êtes placée sous la bienveillante surveillance du peuple, en particulier de celles et ceux qui vous ont portée à Berne pour mener à chef votre programme.
Une question demeure: allez-vous vraiment conserver, outre votre présidence de l'UDC-Genève, la lourde charge de députée au Grand Conseil et votre mandat d'élue communale à Puplinge ?
Qui veut voyager loin ménage sa monture !
Ce sera là le seul conseil que je me hasarde à vous prodiguer avant de vous souhaiter bon vent sous la Coupole !
En attendant de vous revoir (plus souvent!) sur nos petits écrans dans vos activités à Berne, je vous prie d'agréer, Madame la Députée et...chère Céline, mes meilleures salutations civiques.
Robert MAGENTA
Civis genevensis
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